Plonger dans l’histoire du Pays de Vire, c’est traverser près de deux mille ans d’évolution au cœur du bocage normand. Des villas gallo-romaines aux abbayes médiévales, de l’essor industriel du 19e siècle aux reconstructions d’après-guerre, chaque époque a façonné le territoire que l’on connaît aujourd’hui. Cette frise historique vous propose un voyage à travers les grandes étapes qui ont marqué Vire, Condé-sur-Noireau, Villers-Bocage, Aunay-sur-Odon et l’ensemble du bocage virois. Un patrimoine riche, vivant et profondément ancré dans son paysage.
La période gallo-romaine (1er – 3e siècles)🏺
Le Pays de Vire est traversé par plusieurs voies romaines majeures qui se rejoignent notamment à Saint-Pierre-la-Vieille. Des villas gallo-romaines se déploient sur tout le territoire, dont une vaste propriété à Vire occupant 11 à 12 hectares. Organisée autour d’un enclos délimité par un large fossé, elle comprenait un espace agricole et artisanal, une partie résidentielle luxueuse ainsi qu’un ensemble thermal. Aujourd’hui, ces vestiges ne sont plus visibles mais demeurent essentiels pour comprendre les origines du bocage.

Vestiges de la villa gallo-romaine de Vire ©INRA
Le Moyen-Âge (11e – 15e siècles)🏰
Le Pays de Vire est un grand territoire forestier qui commence à se transformer en bocage grâce aux défrichements. Cette évolution conduit à la création de nombreux villages et à la multiplication des paroisses.
Entre les 11e et 12e siècles, plusieurs abbayes et sites religieux majeurs voient le jour : Saint-Sever, Aunay-sur-Odon, le prieuré du Plessis-Grimoult ou encore la commanderie Templière de Courval à Vassy. Autour des rivières et des chemins, l’artisanat se développe : moulins à blé, moulins à tan, moulins à foulon… Vire devient un point stratégique : Henri Ier Beauclerc, duc de Normandie et roi d’Angleterre, y fait construire le château et son donjon en 1123, marquant durablement le paysage.

Peinture de Vire au Moyen-Âge par Robert Mauduit

Le donjon du château de Vire de nos jours ©L. Mach
Le saviez-vous ? Les premières mentions de l’andouille ont été faites dans Le Roman de la Rose de Jean de Meung, entre 1230 et 1235, et dans Pantagruel de Rabelais, en 1532.
Avant la Révolution (16e – 18e siècles)
16e siècle : À la fin du Moyen Âge, le bocage s’affirme comme un territoire agricole prospère. On y cultive le chanvre pour le textile et le blé, notamment le sarrasin, que l’on consomme en bouillie. Les agriculteurs font aussi de l’élevage de bœufs et de porcs. À Vire, l’industrie drapière profite de la puissance hydraulique de ses nombreux moulins.
Le saviez-vous ? La première mention de l’andouille de Vire dans une chanson à boire remonte au 16è siècle.

©OTPV
17e siècle : Le terme « vaudeville » trouverait son origine à Vire. Le Vau de Vire est d’abord mentionné pour désigner le lieu où a vécu Olivier Basselin, un meunier, poète et auteur de chansons vantant les plaisirs de la table et de la boisson. Ce nom a évolué en « vaudevire » pour désigner ce type de chansons, puis en « vaudeville ». Bien qu’il n’y ait plus de traces de ses œuvres, celles de Jean Le Houx, un avocat et poète virois, ont perpétué cette tradition. Ces chansons populaires, souvent insérées dans des pièces de théâtre, ont finalement donné naissance au genre théâtral du vaudeville.

Maison d’Olivier Basselin ©La Loure

Maison d’Olivier Basselin en 2020 ©L. Mach
18e siècle : Après les guerres de Religion, Vire rayonne sur une campagne densément peuplée de fermiers, de paysans-artisans, d’ouvriers et de manufacturiers.
1790 : Naissance du célèbre explorateur, Jules Dumont d’Urville à Condé-sur-Noireau.

Statue de Jules Dumont d’Urville à Condé-sur-Noireau
©F. Lebon Mialdea
Le Pays de Vire se transforme (1800 – 1930)
1800 : Vire devient une sous-préfecture.
Milieu du 19e siècle : Vire est une ville industrielle et commerçante très active. Elle devient l’un des principaux centres textiles normands.
Condé-sur-Noireau devient également l’une des cités les plus actives de la région avec la fabrication de la toile, des draps et du lin.
L’économie de Villers-Bocage et Aunay-sur-Odon est largement dominée par l’agriculture et le commerce. Le marché aux bestiaux de Villers-Bocage est l’un des plus importants de l’Ouest.

Le marché aux petits porcs de Villers-Bocage
©Mairie de Villers-Bocage

Marché d’Aunay-sur-Odon ©OTPV
1862 : Deux beaux-frères Virois, Armand Roger et Charles Gallet, créent la célèbre maison de parfums Roger & Gallet.

Exposition temporaire La fabrique des parfums. La Maison Roger&Gallet, marque iconique au Musée de Vire Normandie ©OTPV
Le chemin de fer change la donne 🚂
3 juillet 1870 : Ouverture de la ligne de chemin de fer Paris-Granville. La gare de Vire avait été inaugurée en 1867 avec la première portion de chemin de fer Argentan-Granville.

La gare de Vire ©Les Collectionneurs Virois
1891 : Ouverture de la ligne de chemin de fer Caen-Vire : elle traverse Villers-Bocage et notamment le Viaduc de la Souleuvre. L’isolement du Bocage était un obstacle à son développement. L’ouverture des lignes permet aussi l’essor du commerce du bétail au marché de Villers-Bocage.

Le Viaduc de la Souleuvre en construction par Henri Leclerc
©Collection Musée de Vire Normandie
1911
©La Fabrique de Patrimoine
Le saviez-vous ? En 1858, le voyage en diligence entre Vire et Caen durait entre 8 et 10h 🐎
1830 – 1930 : Le bocage perd plus de 30 % de sa population : la mécanisation agricole et industrielle provoque un exode rural massif. Les anciennes manufactures laissent progressivement place à de nouvelles activités : mécanique, électricité, agroalimentaire.

Les usines des Vaux de Vire par Henri Leclerc
©Collection Musée de Vire Normandie
1914 – 1918 : Pendant la Grande Guerre, Condé-sur-Noireau héberge des réfugiés venant des zones sinistrées. Les industriels du Nord de la France y installent leurs usines ce qui diversifie le tissu industriel de la ville : tôleries, imprimeries, distilleries, optique électronique.

Tôlerie de Condé-sur-Noireau © OTPV
Ruines et baraquements (1944 – 1949) 🏚️
Juin 1944 : Vire, Condé-sur-Noireau, Aunay-sur-Odon et Villers-Bocage subissent de violents bombardements alliés. Le bocage est libéré durant l’été, mais les destructions sont immenses. La bataille de Villers-Bocage reste à ce jour l’une des plus emblématiques de Normandie.

Villers-Bocage ©Archives du Calvados
De 1944 à 1949, les villes vivent entre ruines, baraquements et premiers chantiers de la reconstruction.

Église d’Aunay-sur-Odon ©Archives OTPV 
Condé-sur-Noireau ©Archives OTPV
Retrouvez plus d’informations sur la Libération du Pays de Vire au Musée de la Percée du Bocage à Saint-Martin-des-Besaces.

Un diorama y retrace l’avancé des alliés dans le bocage
©L. Mach
Le saviez-vous ? Plusieurs scènes du film « Manon » de Henri-Georges Clouzot ont été tournées à Vire en 1948. Cette adaptation du livre Manon Lescaut de l’abbé Prevost est l’un des premiers succès du réalisateur. Le photographe auxiliaire du tournage, Daniel Urbain, propriétaire du studio Polda à Vire, se souvenait des scènes d’explosion près de l’église Notre Dame, encore endommagée par la guerre.

©Studio Polda, les Collectionneurs Virois
Le renouveau (1950 – 1960) 🏗️
Déblaiement et déminage, remembrement et travaux de voirie… Les habitants du Bocage vivent dans des baraquements pendant de nombreuses années avant la reconstruction des villes.
Le saviez-vous ? Aunay-sur-Odon est la première ville reconstruite de France en 1950.

La reconstruction d’Aunay-sur-Odon
©Mairie des Monts d’Aunay
1951 : Max Ophüls tourne le film Le Plaisir à La Chapelle-Engerbold et à Pontécoulant, sur les conseils de la famille de Pierre Bellemare, qui y passait ses vacances chaque année.
1962 : À Vire, 10 établissements produisent du beurre et des fromages, occupant 20% des emplois.
Le saviez-vous ? À cette époque, 5% de la production nationale des produits laitiers est produite à Vire.

Le service de transport de la Beurrerie Préval de Vire
par Marcel Anne ©Collection H. Battistoni
1965 à aujourd’hui
Le baby-boom, l’émergence de la société de consommation, l’envolée des ventes automobiles et l’essor du transport routier, modifient l’économie locale et le paysage urbain.
27 janvier 2003 : La mise en service de l’Autoroute A84 favorise l’installation de nouveaux foyers dans le bocage avec un temps de trajet plus court vers Caen et Rennes.
2016 : Les communes nouvelles font leur apparition dans le Pays de Vire suite à la loi NOTRe, comme Vire Normandie, Souleuvre-en Bocage, Condé-en-Normandie, Noues de Sienne, Les Monts d’Aunay, Valdallière…
2017 : Vire est la plus petite ville de France à avoir un théâtre labellisé centre dramatique national. Le théâtre du Préau est un lieu de création et de production qui s’engage dans la démocratisation de la culture. Un clin d’œil intéressant à ses liens avec le vaudeville 🎭

©Thib’s prod
Retrouvez plus d’informations sur l’histoire du Bocage au Musée de Vire Normandie.

©S. Soffer – Calvados Attractivité












