Eglise Saint-Martin de Villers-Bocage
Lors des bombardements de juin 1944, la commune de Villers-Bocage a été détruite à près de 90 %.
Le plan d’urbanisme et la reconstruction des édifices publics ont été confiés à l’architecte Louis Le Sauter.
La première pierre, tirée des ruines de l’ancien édifice, a été posée le 7 mars 1948. C’est le futur pape Jean XXIII, Mgr Roncalli, qui est venu bénir cette pierre le 24 juin 1950. La nouvelle église a été consacrée en 1955.
Dans les années d’après-guerre, les architectes prônent le retour à une architecture authentiquement sacrée, débarrassée de tout superflu et dépourvue d’ornement. On s’oriente vers ce que la revue appelle « l’épuration » des églises. Une distance est prise vis-à-vis de l’architecture du passé, au profit de structures plus simples.
Le clergé, conscient de l’évolution des mentalités, veut profiter de la reconstruction pour que l’architecture réponde aux nouvelles exigences cultuelles. Le but recherché consiste à regrouper, au sein d’un même espace, la communauté des fidèles autour du prêtre.
L’architecte, à l’époque de la reconstruction, déclara s’être inspiré de la basilique Notre-Dame de l’Assomption, située à Torcello, une île du nord de la lagune de Venise. Il s’agit d’une basilique byzantine datant du VIIᵉ siècle, mais très remaniée au XIᵉ siècle, notamment avec l’ajout d’un campanile séparé de l’édifice.
Les points communs entre les deux édifices sont les dimensions, le campanile et les pentes des toitures principales. Roland Le Sauter renonça au plan en croix latine, très utilisé en Occident, notamment à la période gothique, et s’inspira des premiers édifices chrétiens de l’Antiquité en proposant un seul vaisseau.
L’ossature du bâtiment est en béton armé banché de 35 centimètres d’épaisseur et revêtue d’un parement en pierre calcaire de l’Oise de 15 centimètres d’épaisseur. Comme pour les édifices chrétiens primitifs, il n’y a pas de voûtement : la charpente en bois repose sur les murs porteurs, et un lambris en cache l’ensemble. L’édifice est couvert d’une toiture à deux pans en cuivre.
Le clocher-campanile de l’église, haut de 33 mètres, est visible à six kilomètres. Il est relié au bâtiment central par un portique ouvert, couvert d’une dalle de béton plate soutenue par huit colonnettes.
Les vitraux en dalles de verre colorées sont l’œuvre du maître verrier Pierre Gaudin, qui codirigeait, avec son père Jean, un atelier situé à Paris. Il s’agit de dessins figuratifs (épi de blé, croix, grappe de raisin, poisson) et abstraits. Dans le chœur, une mosaïque représente l’épisode le plus connu de la vie de saint Martin : le partage de son manteau. Une nuit d’hiver 334, à Amiens, Martin, alors soldat romain, rencontra, lors d’une patrouille, un pauvre transi de froid. Avec son épée, il coupa son manteau et lui en donna la moitié. Cette œuvre a été conçue par des mosaïstes de l’atelier Jean Barillet, situé dans le XVe arrondissement de Paris.
L’église est labellisée « Patrimoine du XXᵉ siècle » depuis 2004.
Ouverte tous les jours.